Le rôle des données dans le renforcement de la résilience contre le paludisme
Nous ne pouvons pas penser au thème de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme « Innover pour réduire la charge du paludisme et sauver des vies » sans penser au rôle que les données jouent dans la lutte contre ce dernier. Depuis plusieurs années, les données de qualité délivrées en temps voulu sur où, quand, et qui le paludisme frappe manquent, et ce particulièrement dans les pays et communautés les plus touchés. Cette situation a permis au paludisme de maintenir son emprise.
Cependant, la situation change avec l’apparition de données pertinentes et opportunes. Le Rapport 2021 sur le paludisme dans le monde par exemple rappelle que 241 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2020, dont jusqu’à 95% de cas en Afrique seulement. Ce chiffre sidérant est un coup de semonce qui appelle à augmenter les investissements dans les organisations, particulièrement les groupes de jeunes oeuvrant à cartographier le fardeau du paludisme jusqu’au niveau communautaire en temps réel, permettant aux programmes de lutte contre le paludisme de mieux identifier les lieux, échéances et outils nécessaires pour combattre cette maladie.
L’Alliance des Dirigeants Africains contre le Paludisme (ALMA) est l’une des organisations principales ayant recours aux données pour soutenir l’élimination du paludisme. Cette organisation intergouvernementale est dédiée à l’élimination des décès liés au paludisme et s’active à déployer des approches basées sur les données pour sauver des vies. ALMA utilise activement des données pour aider les gouvernements nationaux à prendre des décisions informées relatives aux interventions pour lutter contre le paludisme et à cibler leurs ressources limitées vers les domaines où le fardeau du paludisme est le plus élevé.
Des cartes de score pour renforcer les systèmes de données des pays
L’approche d’ALMA a recours aux données contenues dans les cartes de score pour informer l’action au niveau des pays. Cela consiste à intégrer les données de différentes sources dans les cartes de score pour soutenir les pays dans des activités spécifiques telles que le suivi des performances nationales et sub-nationales concernant la lutte contre le paludisme. Le Centre de Connaissances ALMA Scorecard Hub offre une plateforme où tous les citoyens peuvent accéder aux données dont ils ont besoin pour poser les questions pertinentes et s’assurer de la redevabilité de leurs responsables politiques.
Il est important d’augmenter les investissements en faveur des cartes de score car cela permet d’identifier les goulots d’étranglement dans la lutte contre le paludisme et de stimuler une réponse percutante aux niveaux communautaire, national et global.
Zeinbou Tina Ide (Référente Afrique Centrale, Conseil Consultatif des Jeunes d’ALMA)
Nous devons utiliser en priorité les données pour accélérer les progrès en temps réel en termes d’objectifs d’élimination du paludisme dans de nombreuses communautés fortement impactées par le fardeau du paludisme.
Mathews Mulenga (Coordinateur Assistant, Champions de l’Armée des Jeunes d’ALMA contre le Paludisme, Zambie)
Renforcer les engagements mondiaux permet de renforcer les institutions de lutte contre le paludisme basées sur les données. Au niveau local, les pays doivent s’engager à offrir la capacité aux jeunes de contribuer à générer des données nationales sur le paludisme (surtout auprès des populations au sein desquelles la maladie circule de manière endémique) et à augmenter la surveillance sur la qualité des outils de diagnostic disponibles, sur les anti-paludéens et sur l’utilisation des lignes directrices nationales de traitement mises à jour. Le paludisme peut véritablement être contrôlé et éliminé en Afrique, mais il y existe un besoin pour une collaboration multi-sectorielle entre le gouvernement, les acteurs privés et les communautés afin de générer des données qui aideront à mettre en oeuvre une intervention ciblée aux niveaux national, régional et continental.
Auteurs
Richard Dzikunu
Récompensé par les Nations Unies pour ses activités, Richard Dzikunu a fait montre de ses capacités à influencer les politiques de santé chez l’adolescent ainsi qu’en termes de communication stratégique, de mobilisation citoyenne, de coordination et de plaidoyer. Avec plus de cinq ans d’expérience professionnelle dans la direction de campagnes nationales et internationales ciblées sur les jeunes et couronnées de succès, Richard travaille depuis 2018 avec des groupes de jeunes pour développer des stratégies qui intègrent les technologies digitales et les données afin de plaider en faveur d’une couverture de santé universelle. Il travaille actuellement comme Référent Diaspora au sein du Conseil Consultatif des Jeunes d’ALMA.
Odinaka Kingsley Obeta
Odinaka Kingsley Obeta est le directeur exécutif de Block Malaria Africa Initiative, une initiative contre le paludisme basée au Nigéria qui se concentre sur l’amélioration du niveau de sensibilisation au paludisme dans les communautés à travers le plaidoyer et les programmes sanitaires de proximité dans le but de combattre le paludisme parmi les populations les plus à risque dans le pays. Il est également scientifique de laboratoire médical dûment certifié et actif, travaillant avec l’Hôpital universitaire de Jos au Nigéria. Odinaka est actuellement Référent Afrique de l’Ouest au sein du Conseil Consultatif des Jeunes d’ALMA.