À propos des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme

L’Union Africaine s’est fixée un objectif de contrôle et d’élimination du paludisme en Afrique à l’horizon 2030. La réalisation de cet objectif exigera, de la part de tous les secteurs réunis :

  • un plaidoyer qui maintienne la lutte contre le paludisme parmi les hautes priorités du programme national de développement et son statut prioritaire dans tous les secteurs
  • une action qui soutienne la mise en œuvre de la stratégie nationale contre le paludisme
  • la mobilisation de ressources (financières et en nature) aptes à soutenir des interventions vitales
  • le maintien mutuel de la redevabilité les uns des autres concernant la réalisation des objectifs nationaux

Pour faciliter l’accès à ses objectifs, les anciens présidents d’ALMA, Sa Majesté le Roi Mswati III du Royaume d’Eswatini et Son Excellence le Président Uhuru Kenyatta ont préconisé la création de conseils et fonds pour l’élimination du paludisme (CEP).

À propos des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme

Les conseils et fonds pour l’élimination du paludisme sont des forums multisectoriels assumés et dirigés en propre par leur pays pour accélérer le progrès de la lutte contre le paludisme.

Ils rassemblent de hauts dirigeants du gouvernement, du secteur privé, de la société civile et de la communauté et en font les champions de la lutte contre le paludisme, du plaidoyer pour assurer son maintien parmi les hautes priorités du programme de développement national et de la mobilisation d’engagements aptes à combler les insuffisances des plans stratégiques nationaux de la lutte contre le paludisme. Dans certains pays, ces conseils et fonds couvrent aussi les maladies tropicales négligées.

Les membres du conseil peuvent inclure :

  • des ministres du gouvernement
  • des parlementaires
  • des cadres du secteur privé
  • des philanthropes
  • des dirigeants traditionnels et religieux
  • des leaders de la société civile représentant des groupes importants, comme les jeunes, les femmes et les communautés rurales

Chaque secteur — gouvernement, secteur privé, société civile et communautés — possède une expérience, des ressources, des capacités et des réseaux uniques aptes à lever les obstacles à l’élimination du paludisme. Par exemple :

  • Les parlementaires et les ministres gouvernementaux peuvent plaider en faveur de plus fortes allocations aux postes de la santé du budget national et mettre en œuvre des lois, des règlements et des politiques propices à un environnement plus favorable au contrôle et à l’élimination du paludisme.
  • Le secteur privé dispose d’une vaste expérience de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique, du passage à l’échelle efficace des activités et de la communication, tous utiles à la mise en œuvre du plan stratégique national contre le paludisme.
  • Les dirigeants religieux, traditionnels et autres (y compris ceux représentant les groupes importants des jeunes, des femmes et des communautés rurales, notamment) sont des messagers de confiance, capables d’encourager les communautés à adopter des pratiques sûres contre le paludisme, comme dormir chaque nuit sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide.

Les conseils et fonds pour l’élimination du paludisme se posent en complément aux structures et aux partenariats existants, en ce qu’ils assurent la priorisation de la lutte dans tous les secteurs et qu’ils disposent de ressources financières et en nature adéquates pour mettre en œuvre les interventions contre le paludisme. Ils peuvent aussi être établis aux niveaux infranationaux (dans les provinces, par exemple) pour amener les dirigeants locaux à promouvoir le contrôle et l’élimination du paludisme et à mobiliser des ressources.

État de progression des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme

À ce jour, des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme ont été établis dans les pays suivants :

Royaume d’Eswatini

Sa Majesté le Roi Mswati III (ancien président d’ALMA) a établi un fonds national pour l’élimination du paludisme appelé à mobiliser des ressources financières et en nature dans le but de combler le déficit budgétaire de la stratégie nationale d’élimination du paludisme. Ce fonds est présidé par un haut cadre issu du secteur privé.

En savoir plus sur le fonds pour l’élimination du paludisme de l’Eswatini.

République du Kenya

Son Excellence le Président Uhuru Kenyatta (ancien président d’ALMA) a établi un conseil national pour l’élimination du paludisme composé de hauts dirigeants du secteur privé, du gouvernement et de communautés infranationales, dans le but de soutenir le programme national de lutte contre le paludisme et de promouvoir la fabrication locale de produits antipaludiques.

En savoir plus sur le conseil pour l’élimination du paludisme du Kenya.

République du Mozambique

Son Excellence le Président Nyusi et Son Excellence le Premier Ministre Carlos Agostinho do Rosário ont établi le « Fundo da Malaria », une fondation à but non lucratif appelée à mobiliser des ressources financières et en nature destinées à soutenir le programme national de lutte contre le paludisme du ministère de la Santé. Le fonds est géré par un conseil d’administration indépendant présidé par une éminente dirigeante religieuse, championne de la lutte contre le paludisme et du plaidoyer de la société civile.

En savoir plus sur le Fundo da Malaria du Mozambique.

République fédérale du Nigeria

Son Excellence le Président Buhari a inauguré un conseil national pour l’élimination du paludisme en août 2022. Ce conseil est présidé par M. Aliko Dangote, un champion mondial de la lutte contre le paludisme, et se compose d’autres géants de l’industrie, de chefs religieux et de hauts représentants gouvernementaux.

En savoir plus sur le conseil pour l’élimination du paludisme du Nigeria.

République d’Ouganda

La division nationale de la lutte contre le paludisme du ministère de la Santé s’est associée à l’initiative Malaria Partners International (anciennement Rotarian Malaria Partners) pour établir la fondation à but non lucratif « Malaria Free Uganda », chargée d’encourager le plaidoyer, l’action et la mobilisation de ressources au soutien de la lutte contre le paludisme en Ouganda.

En savoir plus sur Malaria Free Uganda.

République de Zambie

Établi conjointement par Son Excellence le Président Lungu (Président de la République de Zambie) et l’Honorable Ministre de la Santé Chitalu Chilufya, le conseil et fonds pour l’élimination du paludisme se compose de hauts dirigeants du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. Le fonds est une fondation indépendante à but non lucratif, gérée par un conseil d’administration indépendant appelé à présenter un rapport trimestriel au conseil. Le conseil pour l’élimination du paludisme a également établi des conseils infranationaux dans les 10 provinces du pays.

En savoir plus sur le conseil et fonds pour l’élimination du paludisme de Zambie.

Fonctionnement des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme

Les membres des conseils pour l’élimination du paludisme sont appelés à se faire les champions de la lutte contre le paludisme et à engager leurs secteurs respectifs dans la mobilisation d’engagements de plaidoyer, d’action et de ressources destinés à combler les déficits et résoudre les goulots d’étranglement de la stratégie nationale contre le paludisme. 

  1. Chaque trimestre, ces dirigeants se réunissent et reçoivent une mise à jour factuelle du programme national de lutte contre le paludisme l’informant de la situation du paludisme (y compris la carte de score nationale contre le paludisme), des goulots d’étranglement opérationnels et des insuffisances de ressources qui limitent le progrès contre la maladie.
  2. De manière collaborative, ils mobilisent ensuite l’engagement de leurs secteurs respectifs pour résoudre les goulots d’étranglement et les déficits.
  3. Le conseil transmet les engagements mobilisés au programme national de lutte contre le paludisme et à ses partenaires, qui demeurent responsables de la mise en œuvre des interventions spécifiées dans le plan stratégique national contre le paludisme.
  4. L’état des déficits et les engagements sont examinés à l’occasion de chaque rencontre du conseil, dont les membres sont mutuellement redevables les uns envers les autres. 

Exemples d’engagements

À ce jour, les conseils et fonds pour l’élimination du paludisme ont mobilisé plus de 23 millions de dollars US, sous forme d’engagements financiers et en nature, au soutien de la mise en œuvre des plans stratégiques nationaux contre le paludisme. Notamment :

  • La Zambia Revenue Authority a fait don de camions et d’autres véhicules au centre national pour l’élimination du paludisme, pour aider la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la mise en œuvre de la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent et l’administration du programme.
  • Une coalition multisectorielle regroupant le diocèse anglican de Lusaka, l’initiative Isdell:Flowers Cross-border Malaria, First Quantum Minerals et d’autres partenaires a exécuté une campagne médiatique pluriannuelle en Zambie pour la diffusion de communications pour le changement social et comportemental et le maintien de la visibilité du paludisme durant la pandémie de COVID-19.
  • Le fonds d’Eswatini pour l’élimination du paludisme a affecté au programme national de lutte contre le paludisme  des ressources destinées au financement de l’achat de produits vitaux et à la couverture salariale des équipes d’opérateurs chargés de la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent (IRS).
  • Malaria Free Uganda a obtenu de la société DHL un engagement d’aide au transport et à la redistribution de produits antipaludiques pour faire face aux recrudescences de cas.
  • Au Mozambique, le Fundo da Malaria a facilité l’établissement d’un forum parlementaire sur le paludisme, en vue de promouvoir le contrôle et l’élimination parmi les priorités du budget national et des décideurs politiques.
  • Les membres du conseil d’administration du Fundo da Malaria se sont associés à deux organisations de la société civile pour diffuser des communications pour le changement social et comportemental et promouvoir l’égalité des sexes dans les communautés ciblées et par l’intermédiaire des dirigeants religieux.
  • Au Kenya, le conseil pour l’élimination du paludisme a conclu avec l’entreprise manufacturière mondiale S.C. Johnson un protocole d’entente visant l’aide au contrôle vectoriel, les communications pour le changement social et comportemental et la promotion de la fabrication locale de produits antipaludiques.
  • À l’occasion du Sommet de Kigali sur le paludisme et les maladies tropicales négligées, les représentants des conseils et fonds ont annoncé une promesse partagée de mobilisation de plus de 100 millions de dollars US au soutien des plans stratégiques nationaux contre le paludisme.

Comment nous soutenons les conseils et fonds pour l’élimination du paludisme

Depuis 2018, ALMA soutient le plaidoyer et l’assistance technique aux États membres en faveur de la création de conseils et fonds nationaux pour l’élimination du paludisme. En sa qualité d’organisation réunissant des chefs d’État et de gouvernement et de partenaire technique des ministères de la santé et des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, ALMA appuie la conception, la mise en œuvre et la conduite des opérations des conseils et fonds pour l’élimination du paludisme.

Les présidents d’ALMA ont engagé leurs homologues à la tête d’États et de gouvernements à encourager les pays de la région d’Afrique à mettre en œuvre des conseils et fonds nationaux pour l’élimination du paludisme. Ce plaidoyer a donné lieu à l’adoption par la Commission de l’Union Africaine d’une décision visant à faire des conseils multisectoriels pour l’élimination du paludisme une priorité régionale.

En collaboration étroite avec les ministres de la santé, les programmes nationaux de lutte contre le paludisme et les partenaires, ALMA s’efforce par ailleurs d’établir des conseils et fonds adaptés à la situation et aux besoins uniques de chaque pays. L’approche couvre l’élaboration de notes-concepts, le parrainage d’ateliers multisectoriels, le plaidoyer multisectoriel et l’apport d’une assistance technique au secrétariat administratif de chaque conseil et fonds.