Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme

Publié le 8 mars 2024

Déclaration de Mme Joy Phumaphi, secrétaire exécutive d’ALMA, à l’occasion de la Journée internationale des femmes 2024.

En 2024, d’importantes inégalités persistent entre les sexes. Sur le plan économique, notamment, les femmes gagnent en moyenne 77 cents à peine pour chaque dollar gagné par les hommes. Les femmes ne représentent que 29,2 % de la main-d’œuvre engagée dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM ou STEM en anglais) et leur accès aux postes de direction des secteurs STEM et de recherche et développement atteignent, respectivement, 12 % et 31 % seulement, accentuant davantage encore les disparités éducatives. Sur la scène politique, les femmes occupent moins de 25 % des sièges parlementaires dans le monde, signe encore d’une nette sous-représentation. Ces statistiques révèlent la complexité des défis auxquels les femmes se trouvent confrontées, soulignant la nécessité fondamentale d’efforts globaux, à l’échelle mondiale, pour résoudre ces différences et promouvoir l’égalité des sexes.

Les femmes sont l’épine dorsale de nos communautés. Elles se heurtent pourtant à des obstacles systémiques qui entravent leur potentiel. En matière de santé, les femmes souffrent d’un accès inégal aux soins, comme le démontrent les quelque 303 000 d’entre elles qui meurent chaque année de complications évitables liées à la grossesse et à l’accouchement. Elles sont de plus disproportionnément victimes de la violence de genre, en ce qu’une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles à un moment de sa vie. La charge de morbidité inégale, concernant notamment le paludisme et les maladies tropicales négligées (MTN), exacerbe davantage encore les difficultés imposées aux femmes, surtout dans les contextes à ressources limitées.

Le poids du paludisme affecte particulièrement les femmes et les nourrissons. Les défis sanitaires, sociétaux et économiques en sont d’autant plus grands. Les mères enceintes et leurs nourrissons sont plus vulnérables au paludisme du fait de leur immunité réduite, cause de mortalité maternelle et de mortinatalité, d’accouchements prématurés, de faibles poids de naissance et de mortalité néonatale. Nous devons accroître de toute urgence l’accès aux outils tels que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, le traitement préventif intermittent pendant la grossesse, la chimioprévention du paludisme saisonnier, la vaccination des nourrissons, la prise en charge des cas et l’accompagnement des enfants atteints de paludisme, ainsi que le contrôle agressif des gîtes larvaires. Les efforts collaboratifs visant à combler l’inégalité des sexes sur le plan sanitaire peuvent conduire à une société plus inclusive et plus productive. Ainsi, en accroissant la couverture du traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIp3) à 90 % de toutes les femmes enceintes, on pourrait éviter 265 000 cas de faible poids à la naissance en plus et réduire nettement la mortalité néonatale qui en résulte.

Les femmes souffrent par ailleurs plus profondément de l’impact des maladies tropicales négligées du fait de leur position sociétale vulnérable. Les femmes et les jeunes filles, traditionnellement responsables de la collecte de l’eau et de l’hygiène du ménage, courent un plus grand risque de contraction de certaines MTN, comme la schistosomiase, de par leur exposition à l’eau contaminée. Aussi les femmes et les filles sont-elles plus susceptibles d’abandonner leur éducation ou leur emploi pour soigner les membres affligés de leur famille, reflet d’inégalités plus larges encore entre les sexes.

Les cartes de score nationales pour la redevabilité et l’action font invariablement ressortir la nécessité de prêter attention à la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente (SRMNIA), au paludisme et aux MTN. Outre le suivi des progrès réalisés, ces outils mettent en lumière les inégalités de l’accès des femmes aux soins de santé. En investissant dans les femmes, on peut mettre fin au cycle de la pauvreté et de la maladie et donner l’impulsion vers un monde en meilleur santé et plus équitable. Les cartes de score identifient les obstacles, encouragent la redevabilité et renforcent la décision porteuse d’impact.

La Journée internationale des femmes a pour thème cette année « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Pour réaliser cette ambition, il faut résoudre les inégalités persistantes et en appeler à une plus grande détermination des hommes comme des femmes, ainsi que de toutes les parties prenantes, pour progresser vers un monde où prospèrent véritablement l’équité entre les sexes, la diversité et l’inclusivité. Atteindre l’égalité des sexes et renforcer le bien-être des femmes à tous égards sont bien deux conditions indispensables à l’épanouissement d’économies florissantes et d’une planète saine.

Ensemble, bâtissons un monde plus inclusif pour les femmes !