Publié le 14 mars 2024

L’Ouganda rejoint cinq États membres de l’Union africaine qui se sont à ce jour dotés d’un Corps national des jeunes contre le paludisme et ont accru ainsi considérablement la participation des jeunes aux efforts déployés pour en finir une fois pour toutes avec ce fléau. Le Cameroun, le Kenya, la Zambie, l’Eswatini, la République démocratique du Congo et, désormais, l’Ouganda ont établi leur corps des jeunes, exploitant de ce fait le dividende démographique de l’Afrique.

Le lancement du mouvement des jeunes champions ougandais de la lutte contre le paludisme fait converger l’énergie inhérente à leur âge à plus d’un égard : en entraînant l’action locale et en contribuant significativement au plaidoyer, à l’action, à la mobilisation de ressources et à la redevabilité au niveau national et infranational. Outillés d’approches innovantes telles que les campagnes sur les réseaux sociaux, l’exploitation des cartes de score et les programmes d’éducation par les pairs, nos jeunes accroîtront la sensibilisation et favoriseront le changement comportemental au sein de leurs communautés.

Le paludisme reste la première cause de décès en Ouganda, surtout dans la population infantile. Avec plus de 90 % de nos habitants exposés au risque, cette maladie impose de lourdes contraintes à notre système de santé et impacte gravement notre développement socioéconomique. Nous appelons aujourd’hui la jeunesse de notre pays à se joindre activement à la lutte contre le paludisme. Il s’agit d’un effort indispensable, pour améliorer notre système de santé dans son ensemble et ouvrir la voie de la croissance économique et du développement durables.

Dr Daniel Kyabayinze, directeur de la Santé publique, ministère ougandais de la Santé

Le paludisme demeure la cause principale de maladie et de mortalité en Ouganda, où il représente environ 40 % des consultations externes, 25 % des admissions à l’hôpital et 14 % des décès hospitaliers.

L’établissement des Jeunes champions d’Ouganda contre le paludisme intervient à un moment critique de la lutte contre le paludisme, à l’heure où convergent de nombreux défis. L’Afrique reste le continent le plus lourdement affecté par le paludisme dans le monde, avec 94 % de l’incidence mondiale (233 millions de cas) et 95 % de la mortalité (580 000 décès). Les contraintes financières, les menaces biologiques telles que la résistance aux médicaments et aux insecticides et les effets aggravants du changement climatique continuent d’hypothéquer les acquis de la lutte contre le paludisme. Depuis 2015, les progrès d’enraiement de la maladie sont au point mort et le continent peine à atteindre les objectifs ambitieux fixés dans le Cadre catalytique pour éliminer le sida, la tuberculose et le paludisme en Afrique à l’horizon 2030. Un nouvel élan axé sur les stratégies intégrées, y compris l’engagement des jeunes, est essentiel à la maîtrise efficace du paludisme.

La participation des jeunes à la lutte s’aligne sur les efforts de promotion de leur leadership tels que prônés par l’Union africaine et énoncés dans la Charte africaine de la jeunesse, la feuille de route de l’UA « Tirer pleinement parti du dividende démographique en investissant dans la jeunesse » et l’Agenda 2063. Elle répond aussi au programme prioritaire du président de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), Son Excellence M. Umaro Sissoco Embaló, président de la Guinée-Bissau, qui insiste sur la mobilisation des jeunes d’Afrique pour gagner la lutte contre le paludisme.

Représentant près de 60 % des moins de 25 ans en Afrique, les jeunes sont bien sûr l’avenir, mais ils sont aussi le présent, entraînant l’action pour le changement et débordant d’idées et de solutions innovantes. Nous nous réjouissons à l’idée de les voir exploiter leur énergie et leur créativité au service de l’action locale, du plaidoyer et de la lutte utile contre le paludisme.

Joy Phumaphi, secrétaire exécutive d’ALMA

Inspiré par la Stratégie ALMA des jeunes et par l’avènement ultérieur des corps des jeunes contre le paludisme dans d’autres pays d’Afrique, Malaria Youth Champions Uganda rassemble un groupe dynamique de jeunes Ougandais formés à travers la plateforme Hub ALMA des cartes de score. Leur formation les prépare à s’intégrer dans les stratégies déployées contre le paludisme, certes, mais aussi contre les maladies tropicales négligées et pour l’accès aux objectifs de couverture sanitaire universelle. La stratégie ALMA des jeunes cherche à ancrer les efforts contre le paludisme au sein des cadres de jeunesse existants au niveau continental, régional et national — au soutien d’une profonde implication des jeunes dans la lutte contre le paludisme. À travers la campagne « Zéro Palu ! Je m’engage » et l’effort vers la couverture sanitaire universelle, la stratégie encourage le leadership des jeunes dans l’éradication du paludisme à travers des actions de plaidoyer, de communication et d’information factuelle.

Les jeunes champions contre le paludisme sont à ce jour actifs dans 38 pays d’Afrique, où ils naviguent sur les plateformes en ligne et animent les mouvements locaux. Acteurs du plaidoyer pour l’élimination du paludisme, ces jeunes champions évoluent vers des rôles de leadership, lèvent et amplifient leurs voix pour renforcer l’aide du gouvernement, l’urgence communautaire et la solidarité globale vers le plein financement de l’élimination du paludisme. Leurs efforts sensibilisent davantage l’opinion au fléau du paludisme, mais ils touchent aussi à la problématique sanitaire plus large liée à l’influence des facteurs sociaux et du changement climatique.